samedi 29 juin 2013

France : le déficit public risque de déraper en 2013 et aussi en 2014



France : le déficit public risque de déraper en 2013 et aussi en 2014

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latribune.fr | 29/06/2013, 09:44 - 692 mots
Alors que la Cour des comptes a fait état d'un risque de dérapage du déficit public, le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, Christian Eckert (PS) estime que le déficit ne sera pas dans les clous en 2014, à cause de la croissance atone et de l'effet mécanique de la hausse du déficit en 2013.
Le déficit public de la France risque non seulement déraper en 2013 comme l'a prévenu jeudi la Cour des Comptes, mais peut être aussi en 2014 selon rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, Christian Eckert (PS). Dans un rapport introductif au débat d'orientation des finances publiques qui se tiendra mardi à l'Assemblée, ce dernier estime que le gouvernement français pourrait prévoir pour 2014 un déficit public proche de 3,5% du PIB, contre 2,9% initialement prévus. En cause, une prévision de croissance, aujourd'hui de 1,2% pour l'an prochain qui devrait probablement être « revue à la baisse ». Or, une croissance de seulement 0,7%, comme l'envisage l'OCDE, augmenterait le déficit public de 0,2 à 0,3 point de PIB, estime le député. En cause également le risque de dérapage du déficit public dès 2013 qui aura un effet mécanique sur le déficit de l'année suivante. Selon la Cour des comptes il pourrait se situer entre 3,8% et 4,1%, au lieu des 3,7% initialement prévus.
Ensuite, poursuit Christian Eckert, "la prévision de solde public effectif pour l'année 2015 pourrait s'établir à - 2,5% du PIB". La France qui s'était engagée auprès de ses partenaires européens à ramener ses déficits à 3% de son produit intérieur brut dès 2013, a obtenu deux ans de délai pour atteindre cet objectif. Minée par une croissance nulle, elle a désormais jusqu'à 2015 pour passer sous la barre des 3%.
Pas de dérapage des dépenses
Jean-Marc Ayrault s'est félicité qu'il n'y ait "pas de dérapages sur les dépenses ». Effectivement, la Cour des comptes note qu'il y a une insuffisance de recettes due essentiellement à une insuffisance de croissance". Rappelant que l'objectif était de ramener les déficits à 3,7% du PIB en fin d'année, François Hollande a jugé "prématuré" d'avancer une évaluation du déficit 2013 "puisque tout dépendra de l'évolution des recettes dans le second semestre".
Par ailleurs, Christian Eckert détaille dans son rapport les économies projetées par le gouvernement pour réaliser l'objectif, annoncé cette semaine par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, d'une réduction de 1,5 milliard des dépenses de l'Etat (hors charge des pensions et de la dette) l'an prochain. Les dotations de l'Etat aux collectivités territoriales seront, comme cela a déjà été annoncé, réduites de 750 millions d'euros tandis que les dépenses pour les ministères et les opérateurs de l'État seront également diminués du même montant.
En revanche, les crédits de paiement affectés aux missions prioritaires (enseignement, emploi, sécurité, justice, lutte contre la pauvreté) augmenteront en moyenne de 2,3%. Pour les autres la baisse moyenne sera de 2,8% (-1,8 milliard). Les baisses les plus fortes concernent la politique des territoires (-8%), l'écologie, le développement et l'aménagement du territoire (-7%), l'économie (-6%) et l'agriculture (-5,4%).
Compenser l'avantage du CICE
Enfin, révèle Christian Eckert, les entreprises publiques devront fournir une contribution (dont la forme et le montant ne sont pas précisés) pour compenser l'avantage qu'elles tireront du CICE (Crédit d'impôt compétitivité emploi). En fait, souligne Christian Eckert, les économies réellement demandées sont bien supérieures : comme, si rien n'est fait, les dépenses augmentent d'une année sur l'autre de sept milliards, c'est en fait un effort de près de 9 milliards d'euros que le gouvernement prépare. Il s'agit, conclut-il, d'un "exercice courageux, responsable et inédit" de la part du gouvernement "afin de parvenir à réduire de manière structurelle les dépenses de l'Etat par la mise en oeuvre de réformes de long terme, sans toutefois trahir ses priorités en faveur de l'emploi, de la jeunesse, de la sécurité et de la justice".
Déficit de 6,5% du PIB en Espagne en 2013
Ailleurs en Europe, le gouvernement espagnol a annoncé vendredi avoir approuvé un plafond de dépense pour 2014 en hausse de 2,7% sur un an, confirmant prévoir un déficit public de 6,5% du PIB en 2013.
Le Portugal a, quant à lui, enregistré au premier trimestre un déficit public en forte hausse, ce qui malgré les assurances du gouvernement fait peser un doute sur sa capacité à respecter les exigences de ses créanciers internationaux dans un climat social fortement tendu. Selon des données publiées vendredi par l'Institut national des statistiques (Ine), le déficit s'est établi à 10,6% du PIB au premier trimestre contre 7,9% à la même période de l'an dernier.

 

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